Qu’est-ce que la Science Based Targets initiative (SBTi) et comment aide-t-elle les entreprises à décarboner ?

La méthode SBT permet aux entreprises de fixer des objectifs alignés avec la science, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Bénéfices, étapes de mise en œuvre… on vous dit tout dans cet article.

 

SBTi : définition

Origine de la SBTi

L’initiative SBT ou « Science Based Targets initiative » (SBTi) a vu le jour en juin 2015. Elle est le fruit d’un partenariat entre le Carbon Disclosure Project (CDP), le Pacte mondial des Nations Unies, le World Resources Institute (WRI) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Cette initiative vise « une action climatique ambitieuse » dans le secteur privé. Elle aide notamment les organisations à fixer des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) alignés avec la science du climat. Le but est de respecter l’Accord de Paris, adopté en 2015, qui cherche à limiter le réchauffement climatique largement sous 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et à 1,5°C si possible. En 2018, le GIEC a d’ailleurs insisté sur la nécessité de maintenir le réchauffement à 1,5°C pour éviter des conséquences désastreuses.

SBTi propose à la fois des outils en open source pour définir les objectifs de décarbonisation, et certifie ces objectifs.

SBT, Net-Zero Standard : quelles différences ?

Objectifs « science-based »

Un objectif est considéré comme « science-based » lorsqu’il suit les recommandations de la science climatique pour respecter l’Accord de Paris. Les « science-based targets » (SBT) permettent aux entreprises de définir une feuille de route concrète et ambitieuse pour diminuer leurs émissions de GES et contribuer à l’objectif planétaire de neutralité carbone. En adoptant cette approche basée sur la science, les plans de transition passent d’une logique « que puis-je faire » à « que dois-je faire ».

Pour définir leurs objectifs, les entreprises doivent choisir une année de base après 2015, qui sert de référence pour calculer les réductions d’émissions réalisées. Afin de favoriser l’action à court terme, le premier jalon doit intervenir entre 5 et 10 ans après la date à laquelle l’objectif est soumis à SBTi pour validation.

Lancement du « Net-Zero Standard »

Lancé en 2021 par la SBTi, le standard Net-Zero aide les entreprises à baisser leurs émissions également sur le long terme. Il offre une approche universelle pour fixer des objectifs « zéro émission » conformes à la science du climat. Cette norme répond aux engagements de neutralité carbone qui se sont multipliés ces dernières années, mais qui, sans définition commune, souffraient d’une effectivité variable.

Selon SBTi, le principe scientifique du « zéro net » exige que les entreprises parviennent à réduire leurs émissions de moitié d’ici 2030, et de 90 à 95 % avant 2050. Les émissions inévitables, correspondant aux 5 à 10 % restants, pourront être « compensées ».

Graphique des étapes de la méthodologie SBT

Les 4 étapes du « Net-Zero Standard »

Dans le cadre du « Net-Zero Standard », une entreprise suit 4 étapes pour fixer ses objectifs :

  1. Fixer des SBT à court terme (obligatoire) : les objectifs de réduction sont fixés sur 5 à 10 ans, conformément aux trajectoires 1,5°C, pour les émissions issues de la production, la distribution et l’utilisation des produits et services de l’entreprise (scopes 1, 2, 3).
  2. Fixer des SBT à long terme (obligatoire) : d’ici 2050, les émissions de GES issues de la chaîne de valeur doivent être réduites d’au moins 90 % (scopes 1, 2, 3).
  3. Réduire les émissions au-delà de la chaîne de valeur (recommandé) : pour contribuer à la neutralité carbone, l’entreprise peut agir pour la réduction des émissions hors de sa chaîne de valeur (par exemple, soutenir financièrement des projets de stockage du carbone, via des crédits carbone).
  4. Neutraliser les émissions résiduelles (obligatoire) : une fois atteint les SBT à long terme, les émissions résiduelles doivent être contrebalancées par l’élimination et le stockage permanents du carbone de l’atmosphère.

Évolution du « Net-Zero Standard »

En juin 2025, la SBTi a lancé une consultation publique pour faire évoluer le Corporate Net-Zero Standard (CNZS). Cette évolution, nommée 2.0, a pour objectif de mieux accompagner les entreprises à participer à la neutralité carbone d’ici 2050. En cela, l’approche du standard version 1.2 change, pour favoriser des résultats concrets, c’est-à-dire des réductions effectives d’émissions de gaz à effet de serre alignées avec les objectifs fixés.

Le CNZS 2.0 vise également à prendre en compte les évolutions scientifiques et les attentes des parties prenantes.

Une révision de l’évolution proposée et une seconde consultation publique sont prévues en 2025. La version finale de la norme sera revue et publiée fin 2025 – début 2026.

D’ici là, la fixation ou la validité des objectifs SBT des entreprises devront suivre un calendrier précis :

Pour fixer de nouveaux objectifs

  • 2025 et 2026 : les entreprises peuvent continuer à fixer des objectifs à court-terme en suivant la méthodologie CNZS v1.2.
  • À partir de 2027 : il sera demandé d’utiliser directement la version 2.0 pour fixer des objectifs à court et long terme

Validité des objectifs existants

  • Les objectifs court terme validés en 2025 ou 2026 avec la méthodologie v1.2 resteront valides pour 5 ans OU jusqu’à fin 2030, au plus tôt des deux.

Entreprises ayant déjà des objectifs validés

  • Les objectifs existants restent valides jusqu’en 2030 ou jusqu’à la fin de leur période d’objectif (si plus courte)
  • Un processus de renouvellement de validation sera précisé dans la seconde consultation, pour les entreprises souhaitant migrer vers le standard v2.0.

Pourquoi engager son entreprise auprès de la SBTi ?

Fixer des objectifs basés sur la science (SBT) présente de nombreux avantages pour les entreprises et la planète.

S’engager pour l’environnement en diminuant son empreinte carbone

Recourir à la méthode SBT permet aux entreprises de prendre des mesures concrètes et significatives pour réduire leur empreinte carbone et limiter leur impact sur l’environnement. En s’engageant dans cette démarche et en lançant leur stratégie bas carbone, les entreprises reconnaissent leur responsabilité dans la lutte contre le changement climatique et leur volonté de contribuer de manière proactive à un avenir durable.

Anticiper les évolutions réglementaires

La réglementation se renforce pour contraindre les entreprises à adopter une stratégie de décarbonation. C’est le cas de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), en vigueur depuis janvier 2024 pour les premiers acteurs concernés, et qui vise à harmoniser les rapports de développement durable pour offrir une information plus précise, accessible, et comparable. Cette directive européenne exige notamment la publication de critères standardisés sur l’atténuation du changement climatique, et invite à proposer un plan de transition dans le cadre d’une trajectoire de réduction alignée avec la science. La méthode SBT est d’ailleurs un appui précieux pour répondre à la CSRD, notamment aux exigences de l’ESRS E1-4.

Renforcer son image de marque

La méthodologie SBT bénéfice du sceau d’instances officielles comme les Nations Unies et le CDP. Elle est connue internationalement, notamment par les acteurs financiers, qui accordent de plus en plus d’importance aux indicateurs ESG pour limiter les risques de leurs investissements. Contribuer à réduire les émissions mondiales permet aussi de répondre aux attentes croissantes des fournisseurs, partenaires (notamment financiers), clients et consommateurs.

Développer un avantage concurrentiel

Fixer des objectifs alignés sur la science et mettre en place des actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre est aujourd’hui essentiel pour la résilience et la pérennité économique des entreprises. Cela accroît également la confiance des parties prenantes internes et externes, stimule l’innovation, notamment pour faire face au changement climatique et la compétitivité.

Illustration science based targets

Comment s’engager avec la méthode SBTi ?

Qui est éligible ?

Toutes les entreprises, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille, sont encouragées à se joindre à cette initiative et à fixer des objectifs alignés sur la science climatique. Des méthodologies spécifiques aux différents secteurs sont en cours d’élaboration ; le standard SBTi FLAG (pour Forests, Land, Agriculture) est la première des méthodologies sectorielles mise au point. Un parcours simplifié est également disponible pour les PME.

Étapes pour obtenir la certification SBT

Pour obtenir la certification de SBTi, votre organisation doit passer par 5 étapes :

  • Vous engager : envoyer une lettre à SBTi indiquant votre intention de fixer un ou des objectif(s) basé(s) sur la science.
  • Développer : travailler sur le ou les objectif(s) de réduction des émissions qui répond(ent) aux critères SBTi.
  • Soumettre : présenter ce ou ces objectif(s) à SBTi en vue d’une validation officielle.
  • Communiquer : annoncer ce ou ces objectif(s) et informer vos parties prenantes.
  • Divulguer : révéler les émissions de GES de l’entreprise et suivre les progrès réalisés chaque année pour atteindre le ou les objectif(s).

Déployer des actions de réduction ambitieuses

Pour aller plus loin, on pourrait envisager une meilleure prise en compte des efforts passés dans la méthode SBT. Quel que soit son historique, une entreprise doit aujourd’hui calculer ses objectifs de réduction à partir d’une année de référence choisie après 2015. Cela peut desservir les entreprises les plus avancées, qui peineront davantage à atteindre des réductions massives de leurs émissions de GES.

Il serait également intéressant de reconnaître les émissions évitées par les produits et services, aujourd’hui écartées du standard « Net Zero ». Pourtant, elles représentent parfois la contribution la plus pertinente à la neutralité carbone. C’est par exemple le cas de la mise sur le marché de vélos, en supposant qu’ils remplacent des voitures pour certains types de déplacements.

Enfin, la méthode SBT pourrait mieux intégrer encore la CSRD : le rapport de durabilité et le plan de transition réalisés pour la CSRD, répondent à l’étape de communication nécessaire à l’obtention de la certification SBT.

Tout savoir sur la CSRD, ses enjeux, ses étapes en moins de 10 pages

En juillet 2025, 8 400 entreprises sont engagées dans une démarche SBT. Les objectifs fixés sont souvent ambitieux. Valider une trajectoire basée sur la science est incontournable, toutefois, et c’est tout l’objet de la mise à jour du standard version 2.0, seule la mise en œuvre est capable de faire baisser les émissions de GES et d’atténuer le réchauffement climatique. Ainsi, chaque organisation doit veiller à empiler des actions concrètes pour s’aligner avec la trajectoire de réduction dessinée.

Pour aller plus loin

En complément des objectifs de réduction SBT, d’autres initiatives aident à atteindre la neutralité carbone mondiale. C’est le cas de :

  • Net Zero Initiative qui propose un référentiel unique autour de 10 principes, pour cadrer l’action du secteur privé en faveur de la neutralité carbone. NZI ne se limite pas à la réduction directe ou indirecte des émissions d’une entreprise. 3 piliers permettent de s’inscrire au sein d’une trajectoire en phase avec les enjeux de neutralité : la réduction des émissions de l’entreprise (scopes 1, 2 et 3), la réduction des émissions des autres (émissions évitées), l’augmentation des puits de carbone.
  • Beyond Value Chain mitigation (BVCM), préconisé par SBTi, incite les entreprises à atténuer leurs émissions au-delà de la chaîne de valeur. L’objectif est d’atteindre plus rapidement l’objectif de zéro émission nette, en aidant d’autres acteurs économiques et sociaux à réduire et/ou éliminer les émissions de GES. À noter : la BVCM repose sur des mécanismes de financement et de crédits carbone.

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