3ème volet du rapport du GIEC : ce que les entreprises doivent retenir…
et peuvent faire

Dans son dernier rapport, le GIEC montre que les trois prochaines années sont décisives pour nous assurer un avenir vivable. GreenFlex décrypte les principaux messages pour les entreprises, et surtout les pistes pour agir

Vue en plongée d'un qui et d'un bâtiment sur lequel sont installés des panneaux solaires

Climat : ne pas agir coûte plus cher

L’inaction est plus coûteuse que l’action. Voilà un des messages phares du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son dernier rapport, publié début avril. 278 scientifiques de 65 pays ont évalué 18 000 études pour dresser un état des lieux des connaissances sur l’atténuation du réchauffement climatique. Ils présentent les leviers d’action pour limiter le réchauffement climatique, et en détaillent les principes pour des secteurs clés tels que le bâtiment, l’industrie, l’énergie, l’agriculture. Ce volet succède à deux autres : l’un sur l’évolution physique du climat, sorti à l’été 2021, l’autre sur les impacts et l’adaptation possible face à ce phénomène, dévoilé en février dernier.

Dans ce nouvel opus, les chercheurs montrent entre autres que les risques et conséquences financières de l’inaction sont largement sous-estimées. Demain, les organisations qui n’auront pas investi devront payer davantage, à la fois pour atténuer le réchauffement climatique, s’y adapter, et réparer les dégâts sociaux et sociétaux. En parallèle, le GIEC constate que les solutions de décarbonation deviennent toujours moins chères. Sur la décennie 2010, le coût unitaire a fortement baissé pour l’énergie solaire (- 85 %), l’éolien (- 55 %), et les batteries lithium-ion (- 85 %). Il y a donc urgence à repenser nos prises de décision économiques et nos façons de compter. Voici 3 pistes pour vous guider.

3 pistes d’action pour les entreprises

1. L’urgence du moyen-terme

Nous pouvons encore nous assurer un avenir vivable, c’est-à-dire limiter le réchauffement à 1,5°C, sous deux conditions : atteindre un pic d’émissions de gaz à effet de serre (GES) au plus tard en 2025, et les réduire drastiquement avant 2030. Cette trajectoire requiert des mesures immédiates et massives.

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Il est urgent de fixer des stratégies bas carbone à horizon 3-5 ans. Viser la neutralité en 2050, c’est bien, à condition que des actions à court et moyen-terme soient prévues pour contribuer au gros des efforts avant 2030. Arrêtons de croire que ce sera plus facile après et sortons de la logique des gains rapides, qui mène à repousser sans cesse les chantiers structurels. Il faut remettre en cause les modèles d’affaires et lancer les projets intenses en investissements dès maintenant.

2. La sobriété comme prérequis

Pour la première fois, le GIEC consacre un chapitre entier à la sobriété, constatant que la baisse de la demande en énergie et de la consommation de biens et services pourrait réduire les émissions de GES de 40 à 70 % d’ici à 2050. Les progrès technologiques vont bien sûr nous aider, mais ils ne pourront relever le défi climatique seuls. Ainsi, le rapport relève que l’amélioration de l’intensité énergétique du PIB et de l’intensité carbone de l’énergie a contribué à réduire les émissions de CO2 des fossiles et des processus industriels. Toutefois, la hausse globale des niveaux d’activité dans tous les secteurs a balayé cette diminution.

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Plus que jamais, il faut commencer par réduire les émissions dans tous les secteurs, et fortement. La pérennité de nos activités passe d’abord par la sobriété et l’efficacité énergétiques, à systématiser, ainsi que le recours à des énergies renouvelables. En complément, et pour la partie résiduelle, il faudra s’appuyer sur des solutions de captage et stockage du carbone, qu’elles soient biologiques (via l’agriculture, par exemple), ou technologiques. Plus généralement, c’est une révision de nos modes de vie qui s’impose. Il faut rendre désirables de nouvelles sobriétés, en questionnant les comportements et usages.

3. Agir avec une vision transversale

En février, le deuxième groupe de travail insistait particulièrement sur les enjeux de justice sociale et les interdépendances entre climat, écosystèmes et sociétés humaines. Le dernier volet s’inscrit dans la continuité et développe toute une partie sur les liens à établir entre atténuation, adaptation au réchauffement climatique, et développement soutenable. Les experts invitent à une action climatique accélérée et équitable, pour laquelle les Objectifs de Développement Durable peuvent servir de base d’évaluation.

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Adopter une vision transversale doit devenir un réflexe, en combinant actions d’atténuation, d’adaptation, mais aussi justice sociale et préservation du vivant. Dans un monde plus sobre et plus chaud, se pose la question d’un changement systémique des activités, plutôt que de simplement décarboner les processus actuels. Climat, biodiversité, santé humaine, ressources… tous les enjeux sont liés et il faut agir avec cette perspective multi-impact. C’est la seule façon d’éviter les dommages collatéraux, de multiplier les co-bénéfices, et donc de réussir la transition.

Fenêtre dans l'angle d'une pièce

Défi climatique : les solutions sont là

Autre bonne nouvelle : le GIEC affirme que tout un panel d’actions est déjà disponible pour chaque secteur. Les bénéfices attendus de certaines de ces solutions excèdent même les coûts de leur mise en place. Surtout, si on déployait maintenant toutes les options réalisables, on pourrait réduire les émissions de plus de moitié d’ici 2030. Une contribution significative pour s’engouffrer dans la fenêtre étroite qui nous reste pour limiter le réchauffement à 1,5°C.