Rapport du GIEC : résumé pour décideurs et dirigeants

Le dernier rapport du GIEC dresse un état lieu alarmant des changements climatiques en cours et à venir. Pourtant, il est encore possible de limiter le réchauffement, à condition d’une action forte et immédiate. Décideurs et dirigeants doivent accélérer la mise en mouvement

A quoi sert le GIEC ?

Le GIEC, ou Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, est l’organe de l’ONU chargé de suivre l’état des connaissances scientifiques sur le climat.

Pour ce faire, il fournit des rapports d’évaluation réguliers, ainsi que des rapports spéciaux, commandés pour approfondir certains sujets : par exemple, sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C en 2018, ou sur les océans et la cryosphère en 2019.

Contrairement à un organisme de recherche, le GIEC ne réalise pas d’études en propre, mais évalue et effectue une synthèse objective des multiples travaux existants. Notons aussi qu’il est chargé de fournir un consensus scientifique pour informer les pouvoirs publics, mais qu’il ne formule aucune recommandation. Concernant les pistes d’actions, par exemple, son rôle s’en tient à analyser les conséquences de différents scénarios possibles.

Qui fait partie du GIEC ?

Le GIEC réunit deux profils : le monde scientifique et les gouvernements. Créé en 1988 sous l’impulsion de l’Organisation météorologique mondiale et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, il compte actuellement 195 pays membres. Son travail vise à soutenir l’élaboration des politiques climatiques de ces Etats, et sert de base pour les négociations mondiales comme la COP26.

Les experts qui élaborent les rapports sont sélectionnés grâce à des appels à candidatures dans les différents pays adhérents, et reflètent une diversité de profils, disciplines, points de vue et régions du monde. Ils et elles collaborent bénévolement, en tant qu’auteurs coordinateurs ou auteurs principaux. Des contributeurs ponctuels sont également sollicités pour une expertise précise, ou pour la relecture critique d’un chapitre, par exemple.

Comment sont élaborés les rapports du GIEC ?

A travers ses rapports de synthèse, le GIEC est chargé de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.

Ainsi, les experts sont répartis en 3 groupes de travail :

  • Le premier est consacré à l’état du climat (étude physique des climats passés, présents, futurs, et définition de différents scénarios possibles en fonction des émissions de l’humanité) ;
  • Le deuxième s’intéresse aux impacts du réchauffement climatique (vulnérabilité des sociétés humaines, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques, et options d’adaptation) ;
  • Le troisième se concentre sur l’atténuation du changement climatique (évaluation des méthodes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’élimination de ceux présents dans l’atmosphère).

En août, est paru le premier volet du 6ème rapport d’évaluation du GIEC. Il donne les conclusions du premier groupe de travail. Les prochains volets sortiront en février 2022 pour le deuxième groupe de travail, et mars 2022 pour le troisième. Ce dernier rapport du GIEC repose sur l’analyse et la synthèse de 14 000 publications scientifiques. Il a mis à contribution 234 auteurs et autrices, issus de 65 pays, et reçu 78 000 commentaires de la part des gouvernements et d’experts observateurs.

Chaque rendu du GIEC se décline en plusieurs formats :

  • un rapport complet de plusieurs milliers de pages ;
  • un résumé technique de quelques centaines de pages ;
  • et un résumé pour les décideurs.

Les gouvernements approuvent chaque rapport du GIEC, à travers l’échange de nombreux brouillons et révisions. La synthèse à l’intention des décideurs est même validé ligne par ligne. De manière générale, le dialogue est constant entre ceux qui font les rapports (experts) et ceux qui les utilisent (gouvernements). Une séance plénière a lieu au moins une fois par an, où les Etats membres sont représentés, ainsi que divers observateurs. Ces sessions orientent notamment les groupes de travail, définissent leur gouvernance et leur organisation.

Que nous apprend le rapport 2021 du GIEC ?

3 enseignements clés sur l’état actuel du climat

Cette dernière évaluation du GIEC offre une meilleure compréhension de l’impact des activités humaines. La connaissance physique du climat est aussi de plus en plus précise.

  • Les activités humaines sont la cause avérée du réchauffement de l’atmosphère, des océans et des terres.
  • Le changement climatique se généralise, s’accélère et s’intensifie.
  • L’ampleur des changements climatiques actuels sont sans précédent depuis des siècles, voire des milliers d’années.

5 conclusions à retenir sur les futurs climatiques possibles

Pour ce nouveau rapport, le GIEC a étudié 5 scénarios socio-économiques, conduisant à 5 trajectoires d’émissions de GES, et donc 5 niveaux de réchauffement d’ici la fin du siècle. Les experts ont aussi mis l’accent sur les impacts régionaux du changement climatique.

  • Le réchauffement se poursuivra au moins jusqu’en 2050, et nous dépasserons le seuil de 1,5°C entre 2021 et 2040.
  • Nous pouvons encore éviter un réchauffement de 2°C, voire de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, comme convenu dans l’Accord de Paris. Pour cela, il faut réduire les émissions de GES de façon immédiate, forte, durable et généralisée.
  • Le réchauffement climatique conduira à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques et climatiques extrêmes.
  • De nombreux dégâts causés par le réchauffement climatique sont désormais irréversibles, notamment la montée du niveau des mers ou la fonte des glaciers.
  • Si les émissions de CO2 continuent d’augmenter, les océans et les terres seront de moins en moins capables d’en absorber.

Que faire en tant qu’entreprise ?

Le constat de ce 6ème rapport du GIEC est alarmant. Il faut toutefois insister sur l’une des conclusions du panel d’experts : chaque fraction de degré additionnel compte, donc chaque effort pour limiter le réchauffement climatique aussi. Alors que l’atmosphère accumule les gaz à effet de serre et en conserve le pouvoir réchauffant pendant des décennies, il n’y a pas de temps à perdre.

Toujours d’après le GIEC, atteindre la neutralité carbone permettrait d’arrêter le réchauffement climatique. En parallèle, les scientifiques rappellent l’importance de traiter les autres gaz à effet de serre, comme le méthane. Enfin, le défi est planétaire par définition, et une coopération totale et coordonnée de tous les pays et toutes les régions est indispensable.

La COP26, qui vient de se clôturer à Glasgow, confirme toutefois la difficulté des gouvernements à s’accorder, ainsi que le retard pris par les États dans la lutte contre le réchauffement climatique. Entreprises et collectivités doivent redoubler d’engagement pour accélérer la mise en mouvement à leur échelle. L’heure n’est plus aux annonces à l’horizon 2050. Nous avons besoin d’actions concrètes et à court-terme. A partir des données scientifiques, les dirigeants et dirigeantes doivent définir leur trajectoire pour réduire massivement les émissions directes et indirectes de leur organisations, et contribuer à limiter le réchauffement climatique à 2, voire 1,5°C. Surtout, il faut adopter dès maintenant le réflexe de relier les enjeux. Climat et biodiversité, économie circulaire et climat… réunir ces duos est la meilleure façon de rendre sa stratégie de décarbonation efficace et ambitieuse.