Distribution : quelles économies d’énergie rapides sans investir ?

La distribution doit penser sa transformation énergétique dans le temps long. Néanmoins, des actions de sobriété et d’efficacité énergétiques ambitieuses sur l’existant apporteront jusqu’à 30 % d’économies d’énergie pour répondre à l’urgence dès cet hiver

Allées d'un centre commercial en journée

Des économies d’énergie urgentes

Comment réduire les consommations énergétiques de la distribution au plus vite ? Les prix de l’électricité et du gaz ne cessent de grimper, et avec eux les factures d’énergie. Les menaces de coupures et de rationnement à l’arrivée du froid planent depuis quelques semaines déjà. Face à cette crise généralisée, le gouvernement a fixé l’objectif de 10 % d’économies d’énergie à l’échelle du pays d’ici 2024. Il a aussi demandé à toutes les entreprises de préparer leur plan de sobriété pour début octobre.

Nous l’avons déjà dit : les distributeurs, entre autres, doivent articuler court et long terme, en pensant leur transition énergétique dans la durée. Pour cela, ils ont d’abord besoin de connaître leurs consommations, grâce à des outils digitaux. Ensuite, les actions de sobriété et d’efficacité énergétiques offriront des gains rapides. Sans investir, travailler sur les usages et le fonctionnement optimal des équipements existants permettra d’atteindre jusqu’à 15 % d’économies d’énergie, voire 30 % avec la mise en place d’une GTB (Gestion Technique du Bâtiment).

Une femme et une petite fille blanches penchées au-desuss d'un bac à produits surgelés un homme se tient debout derrière elles

Piloter les usages et les équipements

L’objectif est de revoir ses usages au plus juste des besoins, et de régler les équipements afin d’éliminer tous les gaspillages. Il s’agit d’allumer seulement la moitié des éclairages d’un espace, baisser et maîtriser les consignes de chauffage, ou encore réguler les rideaux d’air chaud à l’entrée des magasins. Systématiser certains réflexes permet également de réduire l’impact du froid, plus gros poste de dépenses pour les surfaces de vente alimentaires : fermer les portes des meubles froids, libérer leurs grilles, respecter les limites de chargement… Les mesures envisagées par les grandes enseignes à compter du 15 octobre sont dans l’esprit de ces actions « manuelles ».

Les plateformes digitales permettent en plus de suivre les consommations et de détecter les anomalies par rapport au profil habituel du bâtiment. On observera par exemple un pic de consommation anormal comparé aux autres nuits, si l’éclairage ou un rideau d’air chaud n’ont pas été éteints. Pour aller plus loin, la mise en place d’un système GTB permet de superviser finement l’ensemble des équipements d’un ou plusieurs bâtiments : froid commercial, éclairage, CVC, bornes de recharge, etc. Il sera alors possible de détecter davantage d’anomalies et de les corriger rapidement à distance. Grâce à l’intelligence des données, la GTB permet aussi de piloter plus précisément les réglages, d’éviter les erreurs humaines, d’adapter les consignes de température à la météo, etc. Enfin, elle aide à effacer ses consommations ou faire de la maintenance prédictive des équipements. Décaler automatiquement le fonctionnement des fours et le dégivrage des meubles froids, baisser les consignes de chauffage en cas de risque de coupure, ou jouer sur l’inertie du bâtiment (commencer à chauffer plus tôt et plus lentement) sera particulièrement utile pour soulager le réseau cet hiver.

Investir pour aller plus loin

Le recours à la GTB permet d’atteindre jusqu’à 30 % d’économies d’énergie. Dès le 1er janvier 2025, le décret BACS la rendra obligatoire pour les bâtiments tertiaires non résidentiels dont la puissance nominale des installations CVC dépasse 290 kW. Alors autant anticiper. Le temps de retour sur investissement est faible, n’excédant pas les 2 ans, avec une couverture partielle par les primes CEE (Certificats d’Economies d’Energie). Un CPE (Contrat de Performance Energétique) peut être adossé pour garantir un certain niveau d’économies d’énergie. C’est la formule qu’a choisie une enseigne de bricolage italienne accompagnée par GreenFlex, pour réduire les consommations énergétiques d’une vingtaine de magasins. Depuis, elle a réalisé 18 à 20 % d’économies en moyenne par an.

L’hiver prochain n’est qu’une première étape¹. Les objectifs climatiques nationaux, européens et mondiaux exigent de pérenniser les efforts de réduction des consommations d’énergie. Pour la distribution, le décret tertiaire impose des économies de respectivement 40 %, 50 % et 60 % d’ici 2030, 2040 et 2050. Les mesures de sobriété et d’efficacité énergétiques sur l’existant sont donc la première marche incontournable d’un changement de trajectoire qu’il faudra prolonger. Investir dans des changements d’équipements et des travaux de rénovation sera la suite du programme. Les gains rapides aideront à financer une partie de ces projets plus ambitieux et coûteux. Pour le reste, il faudra hybrider les solutions de financement² pour que ce soit le plus indolore possible.

1 Sobriété énergétique dans la distribution : passer l’hiver mais pas que – LSA conso
2 Hybrider : la clé pour financer la décarbonation des territoires – Construction21

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