GreenFlex Actualités Articles Réduction de consommations d’eau dans l’industrie Réduction des consommations d’eau en industrie : comment agir ? En raison de la forte dépendance des industriels à l’eau, réduire ses consommations est urgent. Les actions à déployer peuvent par ailleurs présenter un double avantage en permettant la réduction des consommations d’énergie d’un site. Récupération de chaleur ou méthanisation sont des pistes pour combiner ces deux enjeux. Sommaire L’importance de la gestion de l’eau dans l’industrie Les avantages à réduire sa consommation d’eau Réduire sa consommation d’eau en industrie, bonnes pratiques Les aides et subventions pour les entreprises et leurs projets liés à l’eau L’importance de la gestion de l’eau dans l’industrie La consommation des industriels français en chiffres Entre 2010 et 2019, 32,8 milliards de m3 d’eau douce ont été prélevés par les entreprises de l’énergie avec 51% des prélèvements liés au refroidissement des centrales électriques, de l’agriculture (9%) ou de l’industrie (8 %). Pour ce dernier, les secteurs industriels les plus consommateurs d’eau sont la chimie, qui prélève pour ses procédés et produits jusqu’à 30 %, la papeterie (10 %) et l’industrie agroalimentaire (8 %). Selon la Direction Générale des Entreprises (DGE), en valeur, les industriels les plus exposés à la sécheresse seraient cependant les transformateurs de fruits et légumes, la fonderie et la sidérurgie. Malgré une consommation en baisse significative, estimée à 30 % depuis 20 ans dans le secteur, les industriels restent très dépendants de l’eau et des conséquences du changement climatique, qu’il s’agisse de sécheresses ou d’inondations. Les réglementations et obligations légales autour de l’eau L’eau reste une ressource peu onéreuse malgré sa rareté dans certaines zones géographiques. Néanmoins, cela commence à évoluer avec des tarifs en hausse. Sète Agglopôle Méditerranée a par exemple mis en place en 2025 des tarifs par tranche de consommation pour inciter les plus gros consommateurs à réduire leurs usages. Les réglementations actuelles sont pour le moment peu restrictives, hormis lors des périodes de sécheresse. Fin août 2023, 45 départements français étaient classés en état de crise, 22 en alerte renforcée et 12 en alerte. Tous subissaient des restrictions dans leur consommation d’eau. Les industriels étaient donc obligés de réduire leurs prélèvements de 5 à 25 %. Des exemptions sont toutefois possibles pour les industriels ayant réduit leurs prélèvements d’eau de plus de 20 % depuis le 1er janvier 2018 et ceux utilisant . Une belle incitation à se lancer dans une démarche de performance hydrique. À l’heure actuelle, seule 0,6 % de l’eau du réseau est actuellement recyclée en France versus 8 % en Italie ou 14 % en Espagne. La France s’est donnée pour objectif de développer 1 000 projets à horizon 2027. Depuis 2023, la réutilisation des eaux de pluie et des eaux usées a donc été facilitée pour les industriels avec la simplification de l’instruction de dossiers, l’augmentation du volume des eaux réutilisables et la suppression du renouvellement tous les 5 ans. Un décret et un arrêté sont même parus en juillet 2024 pour l’industrie agroalimentaire précisant les usages concernés : la préparation, transformation et conservation de toutes denrées et marchandises destinées à l’alimentation humaine, y compris pour procéder au nettoyage des locaux, des installations et des équipements. Plus globalement, d’autres réglementations existent, telles que l’obligation de traiter ses eaux usées pour réduire ou éliminer d’éventuels polluants avant rejet, ou l’obligation de déclarer annuellement ses prélèvements d’eau pour tout acteur dont le total des prélèvements d’eau est supérieur ou égal à 75 000 litres par jour, sur au moins une journée au cours d’une année civile. Les avantages à réduire sa consommation d’eau Nous l’avons vu, le coût de l’eau est encore faible et peu de réglementations incitatives existent pour diminuer les consommations. Les temps de retour sur investissement des projets peuvent sembler élevés. Alors pourquoi réduire ses consommations ? Tout d’abord, la dépendance des industriels à l’eau est très forte. Selon la Chambre de commerce et d’industrie, 25 litres d’eau sont nécessaires pour la production d’1 kg de papier, 400 litres pour 1 kg de sucre et entre 300 à 600 litres pour 1 kg d’acier ! Si les inondations ont des conséquences sur l’immobilier ou la logistique, les périodes de sécheresse, elles, peuvent causer l’arrêt d’une activité de production suite à des arrêtés préfectoraux. Par ailleurs, l’eau est liée à l’énergie : Il semble donc logique d’intégrer ces enjeux dans la feuille de route des entreprises pour améliorer son empreinte environnementale globale et éviter les transferts d’impacts (carbone, eau, biodiversité, etc.). En résumé, voici une liste des bénéfices à lancer une démarche de performance hydrique : Avantages réglementaires : Adapter votre activité et vos process à des périodes de sécheresse ou d’inondations, et limiter l’impact d’éventuels décrets sécheresse en réduisant vos consommations de plus de 20 % Construire un plan d’action de gestion des risques liés à l’eau Connaître la répartition de vos consommations pour pouvoir optimiser vos usages (obligation de reporting auprès de la DREAL notamment) Saisir l’opportunité de réutilisation des eaux usées Avantages opérationnels : Réduire votre facture et votre empreinte environnementale eau pour limiter l’impact des hausses du prix de l’eau à venir Encore une fois, réduire vos consommations pour ne pas devoir arrêter votre production lors de sécheresses Répondre à vos parties prenantes et notamment aux ONGs (consommations, rejets, préservation de la biodiversité, etc.) Eviter le transfert d’impacts en pensant une stratégie globale, en reliant actions carbone, eau et biodiversité Opportunités autour des subventions : Bénéficier de primes CEE en mettant en place des actions mêlant efficacité énergétique et hydrique Bénéficier de subventions publiques (Agences de l’eau, ADEME ou Régions) pour passer à l’action Réduire sa consommation d’eau en industrie, bonnes pratiques Valoriser la chaleur des eaux usées traitées via une pompe à chaleur et les réutiliser Réutiliser ses eaux usées traitées permet de réduire ses consommations d’eau mais également d’énergie. Par exemple, la réhausse de température via une pompe à chaleur génère des économies d’eau et d’énergie. Pour un industriel de l’agroalimentaire qui dispose d’une station d’épuration, par exemple, la température de l’eau en sortie de station d’épuration s’élève à 20-30°C. En récupérant la chaleur et en réhaussant la température via une pompe à chaleur, celle-ci peut être renvoyée dans le process, permettant un gain d’énergie et une baisse des émissions de CO2. L’eau peut également être réutilisée (REUSE), réduisant du même fait les consommations d’eau. Cette opération peut bénéficier d’une double subvention : une prime Certificats d’Economie d’Energie grâce à la fiche IND-UT-137 « Mise en place d’un système de pompe(s) à chaleur en rehausse de température de chaleur fatale récupérée » et côté REUSE, des subventions par l’Agence de l’eau régionale. Valoriser la chaleur des eaux process On l’a vu dans l’exemple précédent, il est possible de récupérer des calories disponibles dans les eaux (eaux en sortie de station d’épuration). Voyons maintenant comment valoriser les calories des (utilisées au cours d’un procédé de fabrication d’un produit) et ainsi économiser de l’eau et de l’énergie sur une tour de refroidissement avec un nouvel exemple. Un acteur de la chimie utilisant dans son process une tour de refroidissement peut récupérer la chaleur en amont. Cela permet d’économiser de l’énergie sur la consommation de la tour de refroidissement, de générer une production de chaleur pour un autre usage et d’économiser de l’eau en réduisant l’évaporation. Cette opération pourrait bénéficier d’une prime CEE grâce à la fiche IND-BA-112 « Système de récupération de chaleur sur une tour aéroréfrigérante ». Produire de l’énergie En méthanisant les boues en stations d’épuration ou les eaux usées de l’usine, on produit de l’énergie. Cela permet de produire du biogaz (gaz, électricité ou chaleur), qui peut être autoconsommé, valorisé en cogénération ou injecté dans le réseau sous forme de biométhane mais aussi du digestat conforme à l’épandage et participer à l’enrichissement des sols, en remplacement d’engrais. Et, plus insolite, de produire du CO2 qui peut être valorisé sur différents usages (carboglace, fluide frigorigène, croissance des végétaux dans les serres, etc. Prenons un dernier exemple, celui d’une laiterie qui dispose d’un bassin d’aération dans sa station d’épuration et dont le dimensionnement arrive à capacité maximale. La laiterie souhaite en revanche augmenter sa capacité de production et donc augmenter son volume d’eaux usées. Pour lisser cette surcharge de matière organique à venir et éviter de construire une nouvelle installation, la mise en place d’un méthaniseur en amont du bassin d’aération existant permettra de diminuer la charge organique des eaux usées. Cela permet donc de réduire les besoins en aération et les consommations électriques… Et bien sûr de produire du biogaz et donc de l’énergie. Ce projet pourra bénéficier de subventions de la part de l’Agence de l’eau régionale, de l’ADEME voire de la Région. Les aides et subventions pour les entreprises et leurs projets liés à l’eau Les exemples précédents présentent différentes aides et subventions (primes CEE, subventions des Agences de l’eau, de l’ADEME ou des régions) pour les projets de réduction des consommations d’eau ou de l’eau en tant que vecteur d’énergie. Le programme 2025 – 2030 des Agences de l’eau est doté d’une capacité d’aide de plus de 2 milliards d’euros par an pour « accompagner la transition écologique des territoires en réponse aux défis majeurs de la restauration du bon état des eaux, de la reconquête de la biodiversité et de l’adaptation au changement climatique. » Différentes thématiques seront subventionnées pour les industriels : réduction des polluants et des micropolluants (5 %) et sobriété des usages (8 %). Chaque agence fixe ensuite ses priorités. On peut notamment retrouver des projets REUSE (réutilisation de l’eau) ou REUT (Recyclage des Eaux Usées Traitées). « Économiser l’eau est un enjeu majeur et urgent pour les industriels. Les actions déployées sont en majorité ponctuelles et réactives, en réponse à des crises telles que les arrêtés sécheresse. Peu d’entreprises ont identifié leurs risques et dépendances vis-à-vis de cette ressource pourtant vitale. » Béatrice de Courcy, directrice conseil – GreenFlex « Le prix de l’eau reste faible en France. C’est paradoxal car cette ressource est essentielle et son coût réel s’avère très supérieur : approvisionnement, transport, utilisation dans les process de production, traitement… De plus, en cas de manque d’eau, les conséquences économiques sont très fortes pour les industriels. Il faut donc la penser comme un vecteur d’adaptation au changement climatique (économiser et réutiliser l’eau) et de réduction des émissions de CO2 (récupération de chaleur, production d’énergie via la méthanisation…) ! » Valérie Gonzalez, experte eau et méthanisation – GreenFlex Des exemples concrets de réduction des consommations d’eau Construction d’une trajectoire bas carbone et de performance hydrique – Havea Définition d’un schéma directeur énergie et eau – Université publique Vous souhaitez améliorer votre performance hydrique ? Nos experts vous accompagnent Contactez-nous