Récupération de chaleur fatale : définition et enjeux

Alors que les économies d’énergie s’imposent à tous, la récupération de chaleur fatale offre un potentiel sous-exploité pour les industriels. Facile à mettre en place à moindres frais, elle présente de nombreux bénéfices

Vincent Amy
Avec Vincent Amy, responsable avant-vente des grands projets, BU Industrie
Avec Vincent Amy, responsable avant-vente des grands projets, BU Industrie

Récupération de chaleur : définition

L’équivalent du tiers de l’énergie consommée par le secteur industriel serait perdu en chaleur fatale. A l’heure de la flambée des prix et des menaces qui pèsent sur l’approvisionnement, impossible de passer à côté de ce potentiel d’économies d’énergie. L’ADEME estime que ces déperditions représentaient 94,3 TWh par an pour l’industrie fin 2020, notamment dans l’agroalimentaire, la chimie et les plastiques, le papier et le carton, les métaux, le ciment et le verre. D’autres secteurs sont concernés, comme les datacenters, les bâtiments, les unités de traitement de déchets ou des eaux.

Concrètement, la chaleur fatale est l’énergie thermique libérée et perdue lors d’un process industriel ou du fonctionnement de certains équipements. La récupération de chaleur fatale permet de valoriser cette énergie inévitablement dégagée, soit pour un autre usage interne (eau chaude sanitaire, chauffage des locaux tertiaires…), soit en externe, par d’autres entreprises ou en l’injectant dans un réseau de chaleur. Matures, les technologies pour capter cette énergie reposent sur des échangeurs et des pompes à chaleur (PAC).. Les échangeurs de chaleur transfèrent l’énergie thermique d’un fluide vers un autre, mais des technologies comme la compression mécanique de vapeur (CMV), les cycles de Rankine (ORC), les éjecto-compresseurs et les machines à absorption offrent des alternatives pertinentes.

Parmi les exemples de chaleur fatale à valoriser, on distingue les liquides, les gaz et les rejets de forme diffuse :

  • eaux grises,
  • fumées de fours,
  • buées de séchoirs,
  • fumées de chaudières,
  • systèmes de refroidissement…

3 raisons pour une entreprise de récupérer sa chaleur fatale

Réduire ses consommations d’énergie et ses factures

Récupérer sa chaleur fatale permet d’abord de faire des économies d’énergie, une préoccupation croissante pour tous les acteurs économiques. En la réutilisant pour d’autres besoins en chaleur, en froid, ou en électricité, les industriels réduisent leurs consommations, et donc leurs factures d’énergie. Ces actions améliorent aussi leur bilan carbone et contribuent à leur trajectoire de décarbonation. Elles apportent également plus de confort aux occupants, en maitrisant par exemple les points chauds. Autant d’atouts pour rendre les entreprises plus performantes, compétitives, et bien perçues par leurs parties prenantes.

Anticiper la réglementation

Tous ces bénéfices poussent à anticiper ce qui deviendra vite obligatoire. En France, un certain nombre de secteurs industriels sont déjà sommés de réaliser une analyse coûts-avantages pour la valorisation de la chaleur fatale sur réseau de chaleur, dès lors qu’ils possèdent des installations d’une puissance thermique totale supérieure à 20 MW et soumises à autorisation au titre de la réglementation des installations classées (ICPE). La pression devrait aussi s’accentuer en raison du Green New Deal européen. Pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 et respecter l’objectif intermédiaire d’une réduction des émissions de 55 % d’ici 2030, l’Union Européenne travaille à un paquet de mesures concrètes sous la bannière « Fit for 55 ». Ainsi, des initiatives sont à l’étude pour accélérer la mise en œuvre des solutions avec un temps de retour sur investissement inférieur à 5 ans, dont celles relatives à la chaleur fatale.

Bénéficier d’aides et de solutions de financement nombreuses

La récupération de chaleur est déjà encouragée en France, avec un soutien financier important. Le Fonds chaleur de l’ADEME, couvre 20 % de l’investissement pour les grandes entreprises. Le même organisme finance jusqu’à 90 % des études de réseaux de chaleur renouvelables. Les Certificats d’économies d’énergies (CEE) contribuent aussi en moyenne à 50 % des investissements nécessaires. Des prestataires, comme GreenFlex, proposent enfin de combiner et compléter ces solutions de financement, éventuellement adossée à un accompagnement clé en main, pour alléger l’opération. La récupération de chaleur fait finalement partie des actions matures, faciles à mettre en place et peu onéreuses pour les entreprises.

Et quels sont les avantages pour les usagers ?

En récupérant l’énergie thermique dégagée par les process industriels, les usagers n’ont pas besoin d’investir dans un système de production de chaleur, ils réalisent ainsi des économies. D’autre part, ils achètent une énergie décarbonée à des prix stables et attractifs.

Groupes froids permettant la récupération de chaleur

Comment récupérer la chaleur fatale concrètement ?

L’accompagnement de nos clients sur la mise en place de tels projets se déroule en trois grandes phases :

  • Le dimensionnement du projet : les études de faisabilité et de conception permettent d’identifier les gisements d’énergie fatale, les économies d’énergie potentielles et la rentabilité des actions de récupération. Les subventions, telles que le Fonds Chaleur de l’ADEME, et primes CEE disponibles sont également identifiées, pour construire un montage financier global pertinent, avec des solutions sur mesure pour le reste à charge.
  • La consultation et le suivi du chantier : les prestataires sont consultés et sélectionnés. Les travaux sont suivis, gérés et réceptionnés.
  • La mise en service et la garantie de performance : afin de garantir l’amélioration de la performance, un système de suivi est mis en place. Un Contrat de Performance Energétique (CPE) peut assurer les économies d’énergie sur plusieurs années.

Récupération de chaleur fatale dans l’industrie : exemples

Entreprise française spécialisée dans les emballages en polyéthylène recyclés, Reborn a fait appel à GreenFlex pour l’aider à réduire les consommations énergétiques de son site de Bernay. Des études technico-économiques ont identifié le potentiel du remplacement de trois équipements vieillissants et énergivores, véritable stock de chaleur offrant une température intéressante pour un usage sur site. La chaleur fatale des nouveaux équipements est récupérée et valorisée sur site, pour le chauffage des espaces de stockage et d’emballage. Ce projet clé en main a été piloté par GreenFlex de bout en bout, avec un engagement de 62 % de réduction des consommations énergétiques en 5 ans sur le périmètre du projet. Le client gagne déjà 10 % sur sa facture énergétique annuelle.

Un industriel de la zone industrielle du Havre a contacté GreenFlex, afin de réduire ses consommations énergétiques et ses émissions de gaz à effet de serre et de valoriser sa chaleur fatale. Cet acteur a à disposition un volume de chaleur important, mais non utilisable sur le site. La température résiduelle de ce volume de chaleur était intéressant pour un usage dans un réseau de chaleur urbain. Afin de valoriser la chaleur au sein du réseau de chaleur de la Métropole en la livrant au réseau, GreenFlex a accompagné cet industriel dans la conception et la réalisation d’une connexion de 2 km. En articulation avec le dossier Fonds Chaleur ADEME et grâce à un montage et une valorisation assurés par GreenFlex, le projet de récupération de chaleur a été financé par des CEE spécifiques à hauteur de 25%.