Entreprises et collectivités : s’unir pour décarboner

Les collaborations public-privé accélèrent la décarbonation des entreprises et des territoires. Retour sur trois projets concrets que nous avons accompagnés et qui font leurs preuves

Mutualiser l’énergie sur nos territoires

Réduire notre empreinte carbone est urgent et tout le monde doit se lancer. Collectivités, entreprises, citoyens, société civile… tous contribuent à mettre en œuvre la décarbonation ou maintiennent la pression pour l’accélérer. Chacun peut et doit agir à son échelle. Pourtant, seule l’action collective et coordonnée sera à la hauteur du défi.

La consommation d’énergie représente notamment 70 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. Il y a un travail colossal à engager pour optimiser sa production et sa consommation. Acteurs privés, publics et citoyens doivent par exemple s’unir pour maximiser le potentiel énergétique de leur territoire. Les initiatives de boucles énergétiques locales essaiment déjà et font leurs preuves, sous la forme d’autoconsommation collective d’électricité renouvelable, ou de réseaux thermiques (chaleur, vapeur…).

3 exemples de boucles énergétiques locales

Au dernier Salon des Maires et des Collectivités Locales, GreenFlex animait une conférence sur ces collaborations public-privé, qui bousculent la décarbonation des territoires. Nous y présentions trois projets concrets, que nos experts accompagnent.

Vue aérienne des bâtiments de l'Ecole Polytechnique à Saclay

Paris-Saclay : de l’énergie solaire pour faire fonctionner le réseau de chaleur

Le bailleur social Seqens construit 180 logements et une maison de santé pour la communauté d’agglomération de Paris-Saclay. L’appel d’offres exigeait des bâtiments bas carbone et sobres en énergie, ainsi que la production d’électricité photovoltaïque sur 30 % des toitures. Après sollicitation de GreenFlex pour déterminer le meilleur schéma de valorisation (autoconsommation individuelle ou collective, injection partielle ou totale) et trouver des solutions de tiers-financement, le projet a changé d’échelle, passant d’une logique patrimoniale à une démarche territoriale.

En plus d’alimenter les bâtiments dans une logique d’autoconsommation, l’électricité renouvelable produite par les panneaux sera utilisée pour faire fonctionner le réseau de chaleur basse température du territoire. Basé sur un système de géothermie, ce dernier est complété par des pompes à chaleur, qui fonctionnent justement à l’électricité. Penser l’optimisation énergétique à une échelle collective a ainsi permis de relever l’ambition du projet et d’en améliorer l’économie. Le site deviendra démonstrateur pour le programme Interreg sur les réseaux de chaleur de 5ème génération, et bénéficiera donc de subventions européennes. Seqens fera aussi profiter ses locataires d’une réduction sur leur facture énergétique, qui sera diminuée par la fourniture d’électricité autoconsommée.

Vue aérienne de la Plaine de l'Ain

Plaine de l’Ain : des boucles locales pour soutenir la transition énergétique du territoire

Au croisement de grands axes, la communauté de communes de la Plaine de l’Ain détient le parc industriel le plus conséquent d’Auvergne-Rhône-Alpes. Après la définition de son Plan climat-air-énergie en 2018, elle souhaite aller plus loin dans la transition énergétique de son territoire, et GreenFlex l’accompagne dans la création de cette feuille de route. Ici, la collectivité a un rôle à jouer pour amorcer un partage de données, faire émerger les intérêts convergents et planifier des projets communs.

Deux premières pistes de boucles énergétiques locales sont à l’étude. L’une vise à valoriser les biodéchets du territoire, en privilégiant le retour au sol de la matière organique. La seconde consiste en un projet d’autoconsommation collective photovoltaïque en cœur de ville. Grâce à sa forte visibilité auprès des habitants et des entreprises, ainsi qu’au potentiel important d’énergie solaire sur le territoire, la communauté de communes espère une réplication de ce type d’action.

Phare et usines dans la zone portuaire de Dunkerque

Zone portuaire de Dunkerque : une autoroute de la chaleur alimentée par la vapeur des industriels

Pour renforcer l’attractivité de la zone portuaire de Dunkerque, la collectivité a décidé d’étudier la faisabilité d’un réseau de chaleur qui pourrait dépasser les 30 km et distribuer jusqu’à 425 GWh par an, en récupérant et valorisant la vapeur des industriels du territoire. GreenFlex a été sollicité pour réaliser cette étude, à la fois technique, économique et juridique. Possible point de blocage, la question du financement a donc été anticipée, en identifiant des appuis comme le Fonds chaleur et les CEE.

L’implication des pouvoirs publics dans un tel projet doit aussi permettre de réduire les risques inhérents à la multiplicité d’acteurs sur lesquels repose une telle « autoroute » de la chaleur. Face à ce qui peut sembler un château de cartes fragile en cas de défections, la collectivité apporte sa présence dans la durée et ses compétences en développement économique, autant de gages sécurisant la pérennité et la rentabilité du projet. Ce réseau de chaleur répond à un objectif d’attractivité et d’exemplarité environnementale pour le territoire de Dunkerque. Les industriels bénéficieront non seulement d’une énergie moins carbonée, mais aussi moins chère.

Créer le dialogue entre public et privé

L’impact est plus massif et rapide, lorsque collectivités et entreprises se mettent au service les unes des autres. Les premières peuvent appuyer les secondes sur la mobilisation des parties prenantes, l’étude, la planification, le financement, la prise de risque. En parallèle, elles profitent de l’implication territoriale des entreprises et industriels. Enfin, acteurs privés comme publics bénéficient des retombées environnementales, énergétiques, mais aussi économiques et sociales de ces synergies.

La pression des consommateurs, des citoyens et de la réglementation s’accroît pour décarboner plus vite et plus fort. Chaque entreprise, chaque collectivité peut faire ses premiers pas seul, mais les collaborations sont indispensables pour aller plus loin. Pour ce faire, le premier impératif est de mobiliser les acteurs et de créer le dialogue, afin de se comprendre et d’identifier les besoins complémentaires. Ensuite, beaucoup reste inconnu. Les modèles sont à construire et répliquer. Le contexte juridique de ces coopérations est également à stabiliser. Il faut en tout cas que nous soyons de plus en plus nombreux à défricher et partager ces nouvelles manières de faire.