Sortons du mythe de la croissance infinie !

Enseignements de l’édition 2019 du baromètre GreenFlex de la consommation responsable

L’édition 2019 du baromètre GreenFlex de la consommation responsable (créé en 2004) interroge en profondeur la manière dont les Français et les Européens vivent leur consommation et leur rapport à la société. Cette étude, soutenue par l’ADEME, a été réalisée par l’institut de sondage YouGov.

Sur fond d’urgence écologique et de mobilisations citoyennes, les enseignements du baromètre 2019 éclairent tout d’abord les tendances de consommation de demain en France :

Le modèle de société est à bout de souffle

  • 60 % des Français se disent inquiets de l’état de la planète et pensent qu’il est urgent d’agir.
  • 86 % aimeraient vivre demain dans une société où la consommation prend moins de place.
  • Pour la première fois, plus d’un Français sur deux (57 %) estime qu’il faut « complètement revoir notre système économique et sortir du mythe de la croissance infinie », loin devant le fait d’améliorer l’existant

La consommation responsable centrale

  • 67 % des Français disent avoir changé certaines de leurs pratiques et 13 % déclarent faire tout leur possible pour réduire l’impact de leur consommation. Cela passe notamment par un engouement croissant pour les produits « durables » : bios, locaux, naturels, sans parabènes ou conservateurs…
  • Néanmoins, les Français ont développé une maturité et un recul plus fort qu’en Europe. Pour reprendre l’exemple du bio, il n’est plus perçu comme la solution magique : 8 Français sur 10 (82 %) déclarent que les « produits bio ne se valent pas tous ». Ils sont même 84 % à préférer acheter des fruits/légumes locaux et de saison que des fruits/légumes bio qui viennent d’un autre pays.

La sobriété fait son chemin

  • Les Français revoient leur définition de la consommation responsable : ils ont conscience que la consommation de produits durables ne suffit plus (-15 points depuis 2017), mais qu’il faudrait plutôt supprimer le superflu (stable) et réduire sa consommation en général (+13 points). Ce phénomène émerge déjà dans leurs habitudes d’achats : à titre d’exemple, dans le secteur des produits cosmétiques et d’hygiène, plus de 2 consommateurs sur 3 (70 %) disent acheter moins de produits.
  • D’autres formes d’engagement, hors de la consommation, se développent : soutenir l’emploi local, s’investir dans son territoire. Les Français désirent également avoir un métier qui a plus de sens (59 %, soit plus d’un actif sur 2).

Les entreprises sont attendues au tournant

  • Les États sont dorénavant perçus par les Français comme l’acteur numéro 1 du changement devant le couple « individus » et « entreprises/marques », à égalité.
  • Ceci s’explique notamment par une vision négative des entreprises et des marques
  • La défiance envers les grandes entreprises est toujours au plus haut : seuls 27 % des Français leur font confiance. Ce sont 31 points perdus depuis 2004 !
  • Pour nos compatriotes, les entreprises/marques incitent à la surconsommation et nous poussent, par exemple, à renouveler sans cesse notre garde-robe (91 %) ou nos appareils électroniques (92 %).

Les résultats obtenus à l’échelle européenne (Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, Suède) confirment et renforcent la nécessité pour les entreprises de prendre le sujet à bras le corps :

  • Le constat d’une société (de consommation) à bout de souffle est partagé par tous les pays sans exception.
  • Le plastique émerge derrière le climat comme le nouveau symbole des dérives d’un système dont les Européens ne veulent plus.
  • L’envie d’agir est partout présente, bien qu’elle revête assez logiquement des formes différentes dans chaque pays.
  • Si tous se posent en acteurs du « consommer mieux », la France émerge comme l’exception européenne sur le « consommer moins » et le « faire autrement ».