Plan de relance : comment accélérer la transition écologique ?

30 des 100 milliards d’euros de France Relance financés en partie par les 1 000 milliards du « green deal » porté par la Commission européenne et destiné à amener le vieux continent à atteindre la neutralité carbone en 2050. Ces chiffres donnent le tournis. Pour autant, tous ces milliards, s’ils sont mal utilisés, mal fléchés, ne produiront aucun des effets attendus

Déjà, le degré d’ambition du plan de relance français pose question : si 30 % de son montant est affecté à la transition écologique, les 70 % restants ne sont pour l’heure pas associés à une exigence écologique. « Baisse des impôts de production », « Renforcement des fonds propres des entreprises », « Formation », « R&D », ces mesures majeures du plan de relance pourront être utilisés à des fins écologiques ou pas. Si le plan de relance devient un dispositif de distribution des aides entre l’ensemble des acteurs, au lieu de se concentrer sur l’émergence de priorités fortes à la hauteur des investissements nécessaires, le risque qu’il se révèle sans efficacité à moyen terme est réel.

Des aides ciblées…

En outre, quelques interrogations sur la partie « verte » du plan de relance subsistent et mériteraient d’être précisées pour assurer ses chances de plein succès. La première porte sur les conditions et le mode de répartition des fameux 30 milliards d’euros. Certains observateurs jugent aujourd’hui ces modalités d’accès trop imprécises et appellent à ce qu’elles soient durcies, afin de ne favoriser que les projets aux impacts environnementaux les plus positifs sur le long court, et les acteurs les plus ambitieux. Un tel ciblage permettrait une plus grande concentration des aides et garantirait ainsi un soutien massif aux solutions les plus à même de transformer écologiquement les filières. On devra donc s’interroger, par exemple, sur le fait de savoir s’il est plus utile de subventionner les acheteurs de véhicules hybrides, afin de permettre aux constructeurs d’écouler leurs stocks, ou de soutenir directement ces derniers pour qu’ils développent de nouvelles gammes de véhicules très légers ou fonctionnant à l’hydrogène.

En revanche, si, sous la pression des secteurs en souffrance ou des acteurs les moins engagés d’autres secteurs, les aides venaient à être attribuées de manière moins ciblée, le plan de relance perdrait son rôle moteur en matière de transition écologique. Et le même sort lui serait réservé si les conditions d’attribution ne portaient que sur les projets « verts » des entreprises, sans tenir compte de leur modèle économique. Doit-on, en effet, considérer, par exemple, qu’un fabricant de sac plastique à usage unique s’inscrit dans une démarche de transition écologique au simple motif qu’il entend basculer vers une source d’énergie plus verte ? Et doit-on soutenir sa démarche dans le cadre de ce plan ?

…et des dispositifs accessibles

La seconde interrogation concerne la lisibilité des dispositifs d’aides du volet vert de ce plan de relance. Car en toute logique, ils ne seront efficaces que s’ils parviennent à être mobilisés par les entreprises qui en ont besoin pour porter leur transformation. Pour cela, ces entreprises devront être en mesure de mettre ces différentes aides au service de leur stratégie de long terme, ce qui implique qu’elles devront être en capacité de bien comprendre, et sans difficulté, pour quels types de projets et à quelles conditions elles peuvent bénéficier d’un tel soutien public. Le risque existe que certaines se découragent. Accompagnons-les pour les aider à se transformer pour le meilleur !