Lundi Vert : rééquilibrer les quantités de protéines animales et produire mieux

Affaire de bobos parisiens végans, intox des industriels surfant sur la tendance végétale, ou véritable réflexion de fond… Essayons d’y voir plus clair

Le Lundi Vert, une étude scientifique sur la réduction des protéines animales ? 

Lancé à grand renfort de trompettes médiatiques début janvier, rappelons que le Lundi Vert est avant tout porté par des chercheurs du CNRS, de l’INRA et de plusieurs universités françaises. Leur initiative vise à étudier la possibilité d’un basculement des habitudes de consommation vers moins de viande, moins de poisson, et plus de végétal. Un appel de 500 personnalités a poussé le mouvement auprès du grand public. Parmi elles, on a souvent retenu les stars du 7ème art et du petit écran, mais 60 % des signataires sont en fait des scientifiques et universitaires, pour la plupart issus des sciences sociales et humaines. Les agronomes et vétérinaires se font plus rares.

Que penser de l’approche scientifique promue ? D’emblée, le questionnaire d’inscription semble plutôt orienté « anti-protéines animales », et les arguments avancés pour limiter la consommation de viande et de poisson très partiaux : ils seraient mauvais pour la planète, la santé, les animaux. Si vous souhaitez relever le défi du Lundi Vert, le site propose également de vous accompagner pour tenir bon… Espérons toutefois que nous ne tombions pas dans la propagande, car il est primordial d’être objectivement informé, pour faire ses choix en conscience. Sans oublier qu’il est évidemment possible de réduire sa consommation de protéines animales tous les autres jours de la semaine… 

Protéines animales, protéines végétales : un enjeu d’accès bien réel 

Au-delà de la forme du message, un peu péremptoire, il faut effectivement diminuer la part de chairs animales dans notre régime alimentaire d’homme occidental. Les enjeux environnementaux et sanitaires évoqués par le mouvement du Lundi Vert sont bien réels. Faut-il pour autant aller jusqu’à éliminer complètement viande et poisson ?

Pour assurer un apport suffisamment diversifié en acides aminés, de nombreux nutritionnistes recommandent une répartition optimale d’un tiers de protéines animales et deux tiers de protéines végétales. Si les proportions sont inversées chez nous, rappelons qu’il existe un manque criant de protéines animales dans d’autres pays – autour de 20 % des protéines totales en Inde et en Afrique. Comme d’autres ressources, celles-ci sont très mal distribuées.

Alors que la population mondiale ne va cesser d’augmenter, et avec elle les besoins en protéines, il est impératif d’envisager un meilleur équilibre. Dans nos pays » riches », diminuer la consommation de protéines animales va aussi nous habituer à un avenir où elles se feront plus rares et plus chères. 

Moins de protéines animales, mais de meilleure qualité 

Pour ce qui est des pays occidentaux, ne versons pas dans la diabolisation de la viande ou du poisson, mais anticipons le produire mieux. Aidons les filières animales à imaginer des modes de production qui permettent de renforcer la traçabilité des produits, veiller au bien-être animal, miser sur les circuits courts et les labels… Du côté des filières agricoles et alimentaires, jouons le jeu des protéines végétales, notamment des légumineuses, qui ont un rôle certain dans la régénération des sols – oui, tout est lié. Enfin, encourageons le consommateur à avoir un œil critique sur ce qu’il mange, et réapprenons-lui à repérer ces gages de qualité.