De la grippe H1N1 au COVID-19

Comment les Plans de Continuité d’Activité peuvent contribuer à la résilience des entreprises

Notre série « Les rebonds » vous replonge dans les crises passées qui ont marqué le monde, afin d’en tirer des enseignements pour imaginer l’après COVID-19.  

Grippe H1N1 : une pandémie surestimée ?

Branle-bas de combat en avril 2009. Dans un communiqué, l’OMS annonce l’apparition d’une nouvelle forme de grippe, émanant d’un virus H1N1 issu de formes porcine, aviaire et humaine. Le 11 juin, la situation est qualifiée de pandémie. En France, les premiers cas surgissent en fin d’été. Une période de flottement apparaît entre le printemps et l’hiver 2009, pendant laquelle nul ne sait prédire l’évolution de ce phénomène.

Face à l’alerte de l’OMS, les États se mobilisent largement et la Banque Mondiale redoute un coût économique de 0,7 % à 4,8 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial. Finalement, 323 morts seront comptabilisés en France entre 2009 et 2010. Très vite, l’OMS est même accusée d’avoir exagéré l’impact potentiel de la grippe A (H1N1).

Préparation généralisée à la résilience avec les Plans de Continuité d’Activité

Début 2009, la France a justement actualisé son Plan National de Pandémie Grippale, sur la base de recommandations de l’OMS déjà échaudée par le SRAS. Parmi d’autres mesures, il préconise la mise en place de Plans de Continuité d’Activité (PCA) pour les entreprises et autres organisations. Il s’agit d’anticiper des scénarios de 25 et 40 % d’absentéisme, pour assurer le meilleur maintien possible de l’activité économique et faciliter la résilience, tout en protégeant au mieux les travailleurs.

Les acteurs se lancent donc très rapidement dans l’élaboration de PCA, qui n’auront finalement pas besoin d’être activés. Cependant, certains ont perduré. Les méthodes de conception, de plus en plus étoffées, s’appliquent à toutes sortes de perturbations : canicules, grèves conséquentes, malveillances informatiques… Pour autant, il est encore rare que les rapports du GIEC ou de l’IPBES alimentent les réflexions, afin d’identifier et prévenir des risques d’une ampleur et d’un genre nouveaux.

Lier Plans de Continuité d’Activité et stratégies de développement durable pour l’après Covid-19

Face à la pandémie du nouveau coronavirus, les événements se sont enchaînés bien plus vite. Au départ, la France aborde cette épidémie par une approche plutôt rassurante. Du côté des entreprises, au mieux, les PCA sont vite actualisés sur les modèles existants ; au pire, ils ont disparu des organisations qui ne peuvent mobiliser trop de ressources sur des scénarios jugés improbables. L’annonce du confinement surprend de nombreux acteurs, confrontés à des recherches de solutions en urgence.

Dans les mois à venir, les entreprises seront absorbées par la gestion de leur (sur)vie économique. Il serait cependant opportun d’actualiser les PCA et ce, en deux temps. En premier lieu, il s’agit de sauvegarder l’expérience acquise : ce qui a été bien fait, ce qui aurait pu être mieux fait avec davantage de préparation, ce qui aurait pu être anticipé, ce que la concurrence a fait… En second lieu, les stratégies de développement durable et de continuité d’activité devront être étroitement liées.

La prise en compte des prédictions des experts – en particulier en ce qui concerne les risques environnementaux et sociaux – et leurs impacts concrets sur l’activité de l’entreprise est une donnée d’entrée. Se poser des questions de fond à tête reposée en est une autre. Quel est notre rôle dans la prévention de ces phénomènes ? Lorsqu’ils apparaissent, à qui pouvons-nous être utiles ? Des partenariats sont-ils possibles entre ceux qui suspendront et ceux qui poursuivront leur activité, par exemple pour la cession de marchandises ? Sera-t-on plus solides en rapprochant nos approvisionnements ? Faut-il revoir notre modèle économique ? Ces pistes de réflexion nourriront les PCA pour les crises à venir, autant qu’elles guideront les entreprises vers des actions concrètes, durables et préventives, dès le rebond post-covid.

Puisque toutes les parties prenantes attendent les organisations autour de ces deux stratégies, autant faire d’une pierre deux coups.

Par Gwénaëlle Piat-Ragot, Directrice Conseil Agroalimentaire, GreenFlex